Les autorités sénégalaises et tchadiennes dénoncent fermement les récentes déclarations du président français Emmanuel Macron, qui a affirmé lundi que, sans les opérations militaires menées par la France depuis 2013 contre le terrorisme en Afrique, aucun dirigeant africain « ne serait aujourd’hui à la tête d’un pays souverain ». Macron a également ajouté que le départ annoncé des bases françaises avait été négocié avec les pays africains concernés et que, par « politesse », la France leur avait laissé la primeur de l’annonce.
Cette déclaration est « totalement erronée », a répliqué le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, dont le pays prévoit le retrait des forces étrangères de son territoire en 2025. Dans une publication diffusée lundi sur ses réseaux sociaux, Ousmane Sonko a affirmé qu‘ »aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour ». Il a précisé que « la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain ». Selon lui, la France, qui revendique un rôle clé dans la souveraineté africaine, a souvent été un facteur de déstabilisation sur le continent.
Au Tchad, le ministre des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah a, dans un communiqué lu lundi à la télévision nationale, évoque 60 ans de présence française marqué notamment par « des intérêts stratégiques propres, sans impact durable pour le développement du peuple tchadien ». Le Tchad, qui a mis fin le 28 novembre dernier à sa coopération militaire avec la France en rompant les accords post-coloniaux, a également rejeté les propos du président français. Selon Koulamallah, ces déclarations traduisent « une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains ».
« Les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain et reconnaître la valeur de ses sacrifices », a déclaré le ministre tchadien, tout en précisant que son pays « n’a aucun problème avec la France en tant que nation ni avec le peuple français, avec lequel il partage une histoire marquée par des relations humaines et culturelles ».
Les deux pays, dans leurs réponses respectives, ont rappelé le rôle des soldats africains, notamment des tirailleurs sénégalais, dans les deux guerres mondiales. Ousmane Sonko a souligné que « si les soldats africains, parfois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés pendant la seconde guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait peut-être encore aujourd’hui allemande ». De son côté, le chef de la diplomatie tchadienne a déploré que « la France n’ait jamais véritablement reconnu ces sacrifices ».
Yaya Diomandé, Oméga Médias